Le plus bel endroit du monde c'est celui où j'ai grandi. C'est un petit coin au bord de la mer. Dans un golfe qu'on appelle le golfe d'amour. On y est coincé entre la mer et la colline. Je me souviens des hivers de mon enfance, je soulevais les volets et face à moi s'étendait une mer d'huile, sans une ride, sans un souffle de vent. C'est un vieux village provençal avec des petites rues étroites pour que le soleil ne frappe pas trop fort l'été. Les pointus attendent sagement dans le port de sortir pour la pêche. Tous les matins, les marins vendent leurs poissons à la criée. Quand j'habitais dans le centre de la ville, j'entendais les cloches de l'église. Dans le temps prospère des chantiers navals, on savait toujours quand il était 8h, 12h, 17h grâce à la sirène qui sonnait le début ou la fin du travail. L'air est chargé d'humidité, d'iode, de sel. L'eau est d'un bleu profond, surtout du côté des profondeurs. J'aime arriver par l'autoroute parce qu'on découvre tout le panorama au détour d'un village, d'abord la mer, l'île verte, puis les grus des chantiers. Je retrouve les odeurs, surtout si je suis partie depuis longtemps. Le plus bel endroit du monde... C'est La Ciotat